Hier soir avait lieu aux Bordes (commune de l'Indre proche d'Issoudun), dans la petite chapelle Saint-Vincent rénovée, le vernissage d'une jolie exposition des dessins de Robert Bichet (voir article de presse ici).
Voici les plus anciens des dessins exposés :
- "le Chaos" (1976) et
- "Espace transformé" (1983).
Après un mot de présentation du Maire de la commune, Dominique Delpoux, qui était également comme il le souligna une ami de longue date de Robert puisque lui-même musicien (guitariste), l'artiste envisagea de présenter ses oeuvres.
Soucieux comme toujours de valoriser les autres plutôt que lui-même, il commença par expliquer que s'il avait osé se mettre à créer, c'était grâce au soutien d'amis, et qu'il demeurait persuadé que tout le monde sans exception était artiste ou poète dans l'âme, même si chacun l'exprimait d'une manière différente ; et cela, sans oublier l'artisan qui, tel le cuisinier à droite sur la photo, était capable d'enchanter les gens et de créer une harmonie parfaite parmi ses convives !
Touchant à quantité d'expressions artistiques simultanément (dessin, peinture, composition et interprétation musicale, écriture poétique mais aussi à un moindre degré théâtre comme le fit remarquer Dominique Delpoux, et sculpture pour quelques pièces), il précisa (en substance) :
" Je me sers des sons, des couleurs, des mots... pour exprimer mon Jardin intérieur. "
Après la lecture de son dernier poème, inspiré par la traversée d'un train derrière un passage à niveau et qui montre comme un arrêt sur image de la Vie dont le mouvement quasi féérique (traduit par le train illuminé) fait comme une pluie d'étoiles devant ses yeux émerveillés, il commença à montrer comment sont conçus ses dessins, où l'encre de Chine vient préciser les formes initialement esquissées à l'aquarelle :
" Ce ne sont que des bateaux en partance !"
Et en effet, si nous lisons le commentaire du dernier de ses tableaux (Cité-sommeil aux images multiples) nous trouvons ces mots (avec des points de suspension à l'infini) :
" Ces bateaux... Ces bateaux...
Tous ces bateaux qui partent.........
Tous ces instants de rêve, d'arrêt, de flamboiement,
Ces Oiseaux-Papillons,
Ces Eternels Départs,
Toutes ces maisons-soleils,
Citadelles... Minarets... Cathédrales... "
Il voulait ainsi indiquer que ses dessins, sous leur squelette à l'encre de Chine, ouvraient par la couleur des espaces infinis d'envol et de liberté ; qu'ils n'étaient que le support du rêve et exprimaient la vision d'un monde retransposé par un regard d'enfant : un regard qui s'émerveille de tout, ne connaissant le sens de rien.
Soucieux également d'apporter aux autres un enseignement positif, il rappela cette notion chère à son coeur que dans la vie, tout répond à cette triade :
Chaos - espace transformé - éternel départ
Autrement dit :
D'un handicap faire un avantage
Il prit alors pour exemple son problème de la veille : alors qu'il voulait préparer le descriptif de l'exposition sur son ordinateur, celui-ci lui fit des tours pendables, devenant si ingérable qu'il dut changer totalement d'idée et tout faire à la main...
Etait-ce un "chaos" ? Un "handicap" ? Trouver "l'espace transformé" revenait alors à découvrir comment en faire un "avantage", afin que cela devienne un "nouveau départ".
Il décida finalement d'écrire tout sur une feuille comprenant déjà un dessin de lui : ainsi le public pourrait bénéficier d'un descriptif comportant la reproduction d'une de ses oeuvres... Et hop, c'était un avantage... !
Et là-dessus, d'ajouter que l'art - poésie, dessin, musique, ou toute autre expression - vaut plus que mille antidépresseurs, dix mille tranquillisants, etc.
" Vous f... tez le camp dans le rêve, et plus personne ne peut vous atteindre !"
observa-t-il en connaisseur.
Quelle sera donc sa conclusion ? La même que la plupart du temps :
" Les belles choses de la vie ne s'achètent pas. Qu'est-ce qui vous rend le plus heureux ? N'est-ce pas le sourire d'une personne rencontrée par hasard, et que vous ne connaissez même pas ?... "
Son Livre d'Or attendait à l'entrée les quelques mots des visiteurs. Un grand cahier à dessin simplement entouré d'un protège-cahier, sur lequel à chaque occasion il vient ajouter la présentation de l'exposition ou du concert dont il est question, et qu'il conserve précieusement "pour ses vieux jours" : simplement "pour le plaisir de se rappeler des visages, des sourires rencontrés au cours de son existence, lorsqu'il sera impotent et incapable de quitter sa chambre".
Derrière le grand cahier, vous pouvez voir à gauche un pli postal - papier plié en forme d'enveloppe en souvenir de l'histoire de la Poste - ; et au fond un début de partition manuscrite, évoquant le côté graphique de ce travail puisqu'il s'agissait de faire jouer de la musique à des élèves ne connaissant pas le solfège.
Ici à côté d'une de ses partitions, d'autres plis postaux, ayant été expédiés ceux-ci.
En haut à gauche, un "poème illustré", parmi d'autres compositions en différents formats.
Robert Bichet dans le feu de l'action !
Enfin ajoutons pour finir que cette exposition servira de décor à diverses manifestations au village des Bordes, à commencer par les 16e Rencontres Poétiques en Berry, organisées par le Groupe poétique François Villon et son président le poète Jean-Noël Baglan, ce dimanche.
Jean-Noël Baglan (image tirée du site)