Expansion d'Amour - éditions JFPF, Tours 1967 - Épuisé.
Dans son premier recueil, Expansion d'Amour, paru aux éditions Mic Berthe (Jeune Force Poétique Française) à Tours en 1967, Robert Bichet ne se contente pas d'exhaler ses sentiments pour diverses jeunes filles successivement rencontrées.
Il développe également un vrai style, bien servi par l'originalité de l'édition qui lui sera proposée (sur papier kraft plié en accordéon, avec un graphisme très particulier), tout en rendant hommage à ses maîtres du Conservatoire : Florian Hollard (son professeur de Musique de Chambre et chef de l'Orchestre Symphonique de Tours) en tant que dédicataire de la plaquette, et Gilbert Flory (son professeur de hautbois et de cor anglais) en tant que dédicataire d'un sonnet. Eh ! oui, dans ses débuts, Robert s'est essayé aux formes classiques.
A Monsieur Gilbert Flory
Lorsque sera venue la lumière et le temps
D'oublier le malheur, sa misère et sa traite...
Peut-être vivrons-nous sur les ailes du vent,
Goûtant le fruit d'une heure éternelle et secrète.
La nuit sera le jour et nous découvrirons :
Le chant d'une couleur sous les débris d'un songe,
L'abîme illuminé, le soleil, un salon
(Où les pensées s'endorment et le rêve s'allonge) ;
Le souffle d'un désir, les planètes énormes,
La richesse d'une ombre ; l'oiseau dans son envol
Sourira aux nuées, aux espaces difformes.
Et votre art et le mien berceront les amours
D'une étoile oubliée, d'un jour, d'un rossignol.
Nous vivrons dans la joie, dans le bonheur toujours.
Robert Bichet © éd. JFPF. 1967
Repris dans Triptyque © éd. Paragraphes litt. de Paris, 1970.
Comme indiqué, Expansion d'Amour sera intégralement réédité en 1970 par José Millas Martin dans son édition Les Paragraphes Littéraires de Paris, avec Altitudes et Douze Paraboles pour une jeune fille sous le titre général de Triptyque, que préfacera l'actrice Madeleine Sologne après un passage à l'auberge de Bracieux.
Le "style personnel" déjà bien visible ici, c'est cette inspiration d'une part faite de contemplation et d'écoute de la nature (les étoiles, la nuit, les oiseaux...), mais aussi cette écriture en bribes, hachée par une ponctuation très présente, essentielle dans toute la poésie de Robert Bichet pour exprimer ce retrait de l'être devant les choses, le silence omniprésent.