
Robert Bichet, aujourd'hui retraité des fonctions de direction au Conservatoire Municipal d'Issoudun, est un artiste atypique, multiforme, et comme il aime à le dire lui-même avec sa bonne humeur habituelle : "sauvage" !
Né en juillet 1947 à Bracieux, dans le Loir et Cher (à proximité du parc de Chambord en pleine forêt Solognote), ce fut déjà un miraculé dès la naissance : sa mère ne devait pas avoir d'enfant, cependant il s'annonça ; il naquit prématurément après 6 mois de gestation dans la maison familiale, aucune couveuse n'étant disponible dans la région suite à la débâcle de l'après-guerre ; et malgré ses trois livres de poids seulement, il survécut enveloppé dans du coton cardé grâce à la canicule qui sévit cet été-là. Atteint de convulsions à l'automne, il fut laissé pour mort par le médecin et fut ondoyé ; mais le lendemain matin, sa mère ayant exigé une nouvelle piqûre, il vivait de nouveau à la grande stupéfaction du médecin qui s'avoua « converti ».
Le Relais de Bracieux
Très fragile dans son enfance (son nerf optique resta d'ailleurs atrophié,) il vécut protégé dans la maison paternelle - une auberge dont les spécialités dans le domaine du gibier allaient en faire l'une des premières tables du pays blésois - jusqu'à l'âge de sept ans : cette période nourrit abondamment son imaginaire d'un attachement indéfectible à la nature et à la terre solognote, transposée aujourd'hui dans le Berry où il habite. Malheureusement, dès qu'il fut en état de le supporter, son père le plaça dans une pension dont il avait entendu dire grand bien, mais fort éloignée : à Vendôme. Ce fut pour le jeune Robert une rupture effrayante qu'il vécut comme une mise au bagne : et en effet, dans cette pension qu'il ne quittait qu'une fois par mois, il fut horriblement malheureux car nul ne comprenait son caractère rêveur et particulièrement original.

Robert Bichet adolescent dans sa chambre au Relais. Derrière lui, deux tableaux de sa composition
Heureusement pour lui il poursuivit ses études à Tours, et put bientôt exiger de son père d'entrer au Conservatoire de cette ville. Sa fréquentation chaque été des clients fortunés reçus par ses parents dans leur auberge ("Le Relais" de Bracieux, une étoile Michelin pour la cuisine, avec une diligence devant la porte qui roulait encore parfois pour conduire les clients jusqu'à Chambord) lui avait donné le goût des arts, de la peinture, de la musique et de la poésie ; et un professeur de l'Institution "Notre-Dame-la Riche" à Tours, l'abbé Lucien Drouglazet, encouragea cette passion en l'inscrivant dans une bonne chorale.
Son premier piano lui fut offert par une des clientes, et sa première "vente-dédicace" d'un ouvrage poétique (Triptyque, paru aux éditions Millas-Martin en 1970) fut organisée par son père au Château de Villesavin près de Bracieux en présence de l'actrice Madeleine Sologne qui en avait composé la préface. Même l'éditeur de cartes postales avait croqué la diligence du"Relais" de Bracieux, un jour de sortie où les aubergistes avaient loué des chevaux et des costumes. Sur la droite de l'image on peut voir les parents de l'artiste, et derrière eux Robert et sa soeur Joëlle (l'image peut être agrandie).


Portrait du jeune Robert réalisé par Pierre Dupas.
Robert, inscrit au Conservatoire de Tours dans la classe de Gilbert Flory, travaille ici son hautbois en compagnie d'un client de ses parents, M. Jacques Anquetil, qui était violoniste. On retrouve le décor de sa chambre de jeune homme, avec un chandelier et au mur ses propres tableaux.
Sa première publication, un peu naïve mais absolument remarquable quant au travail d'édition entièrement réalisé sur papier d'emballage marron, avec des illustrations d'encres (1967)

A suivre ...