Nous avons laissé Robert à Tours, étudiant le chant et découvrant Jean-Sébastien Bach à la chorale Jean de Ockeghem en compagnie de son professeur l'abbé Drouglazet.
Le voici à Veigné près de Tours, où il travaille toute la journée dans la maison de ses grands-parents
Bientôt, il obtient de ses parents de s'inscrire ou Conservatoire National de Tours et y étudie d'arrache-pied le hautbois, dans la classe de Gilbert Flory qui, découvrant en lui un élève d'exception, n'hésite pas à le recevoir plusieurs fois par semaine à son domicile dans le simple cadre de son cours. C'est ainsi qu'il brûlera les étapes et parviendra à obtenir une première médaille d'or en l'espace de quatre années seulement.
Photo récente de Robert avec son professeur Gilbert Flory, place Plumereau à Tours
Cependant, passionné par l'écoute de France-Culture il découvre de plus en plus les musiciens contemporains et demande à entrer en classe d'harmonie puis de composition avec Jacques Albrespic, alors directeur du Conservatoire de Tours. Comme vous pouvez le voir sur ce site à condition de descendre jusqu'à la 4e photo, Jacques Albrespic était un organiste de talent, et obtint un second Grand Prix de Rome de composition musicale en 1952 ; écorché vif, cet homme d'une immense sensibilité marqua considérablement le jeune Robert, qui plus tard accrochera son portrait dans son bureau de directeur à Issoudun.
(Cliché de Daniel Besson pour "La Marseillaise du Berry")
Entré dans la musique du 8e Régiment de Transmissions du Mont Valérien, histoire d'y faire son service militaire, il découvre Paris et rêve d'Apollinaire, le poète qui fut soldat durant la première guerre mondiale.
Robert en soldat, au Mont Valérien
Il s'installe dans une petite mansarde et à peine démobilisé, plutôt que de poursuivre en classe d'instrument au Conservatoire National supérieur de Paris, il opte pour la classe de musique électroacoustique de Pierre Schaeffer où il est admis brillamment grâce aux connaissances en musique contemporaine qu'il a acquises par l'écoute de France Culture.
Robert dans sa mansarde. Derrière lui déjà, le portrait d'Olivier Messiaen.
Robert travaillant au GRM (groupe de recherche musicales de Radio-France, partenaire du CNSM de Paris)
Il commence à produire quelques oeuvres musicales, à partir uniquement de sons modifiés au magnétophone. L'informatique est encore loin ! (D'ailleurs il ne s'y fera jamais...).
Nous sommes en 1972, époque de son mariage avec Martine Maillard.
Robert en 1972 dans le sentier qui ouvre sur l'allée de Bracieux, vêtu de son costume de garde-chasse.
Robert se met alors à enseigner l'Éducation Musicale comme Maître Auxiliaire dans divers collèges de la Région Parisienne, mais sur sa carte d'identité il refuse de noter une autre profession que "artiste", et chaque week-end il troque son costume de "professeur" contre celui de "vacataire dans les orchestres" ...
Une répétition de la symphonia d'entrée d'une cantate de Bach en 1973. Le chef d'orchestre était une femme, et tous les musiciens de jeunes étudiants du Conservatoire. Il y a dans celle-ci un magnifique duo concertant entre les deux hautbois, je regrette de ne pouvoir vous la faire entendre ni vous la citer.
... ou encore de "musicien dans le métro"!
Sur cette image il est accompagné de son ami André Taupin (alors en classe de violoncelle au CNSM de Paris et actuellement professeur de cet instrument au Conservatoire de Montluçon). Tous deux jouaient alors, non pas pour gagner leur vie (malgré le chapeau posé à terre par souci du décor !) mais pour le plaisir de la vie de bohême, et pour profiter de la superbe acoustique qu'offraient alors les tunnels parisiens.
Robert ne manquait pas non plus l'occasion de diffuser sa conception de la poésie, car sur le sol vous pouvez voir tracé à la craie de ses mains le slogan qu'il avait inclus en en-tête de son 3e recueil "De la fenêtre" (recueil inspiré de ses rêveries en cantonnement militaire), publié en 1971 chez ses deux éditeurs à la fois (les éditions Saint-Germain-des-Prés et les Paragraphes littéraires de Paris) :
« La poésie chante et pleure dans tous les mondes.
Elle habite chaque élément...
L'espace l'accueille pour faire ses images
et le poète la cueille en fleurs précieuses
pour décorer sa solitude. »
Cette pratique lui valut une petite notoriété puisque bientôt il reçut d'un ami belge cette coupure de journal trouvée dans une édition de l'époque :
Il faut dire que malgré le chapeau posé à terre, Robert honorait déjà son public car il portait chemise blanche et Lavallière.
Sonate de Johann David Heinichen, 1er mvt (enregistrement amateur sous le métro, avec Robert Bichet au hautbois et André Taupin au violoncelle, année 1972)
Sonate de Johann David Heinichen, 2e mvt (même chose).
A suivre...