Robert Bichet et sa jeune épouse en décembre 1971
Entre 1972, période de son mariage avec Martine Maillard (qui eut lieu exactement en décembre 1971) et 1977 (période de la naissance de sa première fille, Marie-Noëlle, qui eut lieu exactement en février 1976), Robert Bichet tâtonne.
Marie-Noëlle Bichet
Il publie en 1974 aux éditions Saint-Germain-des-Prés (devenues aujourd'hui Le Cherche-Midi éditeur) une nouvelle plaquette composée de trois courts recueils, dans la toute nouvelle collection Miroir Oblique dirigée par le poète Jean Orizet :
- Mes Saisons de Bracieux
- Poèmes venus d'ailleurs
- Poèmes pour eux
et y intègre pour la première fois des illustrations de sa main réalisées à l'encre de Chine.
Malheureusement l'éditeur lui perd ses originaux et il n'a pas songé à signer ses dessins sur le livre. Par contre il récupère ceux qu'il a consacrés simultanément à la plaquette de sa jeune épouse : Le Rossignol d'Argent, et la ressemblance est heureusement criante ; car là encore il a négligé de signer...
Je m'étendrai davantage sur leur composition dans la partie "Poésie" de ce site et sur ces illustrations dans la partie "Peinture". Cependant petit à petit son style s'affirme et son goût pour une forme de dessin très personnelle se fait jour.
Parallèlement il suit des stages de théâtre avec son ami le poète Jean-Luc Tony Génin, rencontré à la musique du 8e RT.
Jean-Luc Génin, saxophoniste et passionné de jazz, photographié à l'occasion d'un défilé.
Il se rend également aux rencontres musicales d'été de Nice, où il retrouve son maître Jacques Albrespic en pleine fièvre d'écriture.
A Nice en cet été 1974, Jacques Albrespic dans sa chambre d'hôtel montre à Robert le brouillon de sa 2e symphonie.
Enfin en 1976, à l'occasion d'un stage d'équitation dans le Périgord, il fait une mauvaise chute qui l'immobilise et l'oblige pour s'occuper à se lancer à fond dans le dessin. Cette fois il s'équipe de grandes feuilles format raisin et met au point sa technique de création aléatoire, où à partir de taches d'encre de chine sur lesquelles d'abord il souffle (ou qu'il fait couler en penchant la feuille), puis qu'il estompe au coton, enfin qu'il étale avec des lames de rasoir, il esquisse au rothring tout un monde caché de ruelles, d'escaliers, de fenêtres, d'arbres tronqués, de tourelles en ruines, de lunes, de cheminées, de petits chemins qui partent... tout un univers issu du rêve et de ses plus beaux souvenirs qui surgit en lui au fur et à mesure de sa promenade dans les ombres apparues sur le papier.
C'est le début de sa technique personnelle de dessin, qui rencontrera de plus en plus de succès pour son éminente originalité.
Mais c'est entre 1975 et 1978 que se prépare le tournant le plus important de son existence.
Il s'inscrit en cours du soir et de week-end à l'Université de Paris VIII (Vincennes à cette époque) et y suit simultanément une formation de musicologie et une formation d'arts plastiques. C'est pour lui l'occasion de prendre des cours de direction d'orchestre qu'il enrichit par des stages, et il se passionne pour la gravure, outil alors très utilisé par son ami le peintre Michel Salsmann (voir ici).
Michel Salsmann, professeur aux Beaux-Arts de Paris, reçoit Robert à son atelier
De nouveaux moyens d'expression s'offrent à lui.
L'un de ses professeurs le pousse dans le cadre de la classe à composer sa première partition musicale ; mais c'est lorsque Jacques Albrespic lui fera découvrir les "Thrènes à la mémoire des victimes d'Hiroshima" de Krysztof Penderecki qu'il découvrira enfin que l'on peut écrire de la musique avec de simples signes conventionnels, sans utiliser de notes. Lui qui déjà utilisait des signes conventionnels dans sa poésie ! (Voir la partie "Poésie").
C'était juste le déclic qui lui manquait pour se lancer dans la composition de sa première grande oeuvre, que tout naturellement il édifia avec ses élèves d'alors dans une banlieue pourtant difficile mais en toute complicité, en leur démontrant qu'eux aussi pouvaient "devenir créateurs"... sans avoir même besoin d'avoir appris le solfège ; comme faisaient les tout premiers hommes qui à l'aube de l'humanité étaient déjà artistes, peignaient dans les cavernes et soufflaient dans des roseaux.
C'était la naissance de "Du fond du Gouffre", au CES Raymond Poincaré de La Courneuve (pour le détail, voyez l'article dédié dans la partie "Musique" de ce site).
La Courneuve en 1980 - CES Raymond Poincaré
A suivre...