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31 juillet 2017 1 31 /07 /juillet /2017 10:16

    Voici la reproduction d'un article publié en 2009 sur le site "l'Espace d'un Instant", aujourd'hui supprimé mais intégralement reproduit sur "L'Instant Secret", dans une rubrique intitulée "Robert Bichet".

    Il évoque un concert qui eut lieu le 25 juin 2009 avec le concours de l'Orchestre du Conservatoire Municipal d'Issoudun.

    Je le réédite dans son intégralité car il a davantage sa place ici.

      En cette année 2009 Robert Bichet vient de composer une nouvelle oeuvre, dédiée à son père fauché dans l'accident de voiture dont il a  lui-même été la victime, en juillet 2005. Elle a été jouée a Issoudun lors du concert de fin d'année du Conservatoire Municipal de musique le 25 juin 2009, avec le compositeur au cor anglais, Francesca Paderni comme toujours aux Ondes Martenot, et Frédéric Langé, le professeur de saxophone du Conservatoire, à la direction, qu'il assume avec un brio remarquable.

Au centre, Robert Bichet ; à droite, Francesca Paderni ; à gauche, Jean-Benoît Walker-Viry, le nouveau directeur du conservatoire de musique d'Issoudun qui a succédé à Robert Bichet en septembre 2007 - Photo Martine Maillard

Au centre, Robert Bichet ; à droite, Francesca Paderni ; à gauche, Jean-Benoît Walker-Viry, le nouveau directeur du conservatoire de musique d'Issoudun qui a succédé à Robert Bichet en septembre 2007 - Photo Martine Maillard

Cette oeuvre s'inspire d'un poème qu'il avait écrit précédemment en hommage à des personnes disparues de son entourage, et que je vous propose ici.

 

 

Là-bas sont tous les rêves,
les étoiles vivantes
et les astres éteints,
où reposent
les volcans des passions infinies...

Là-bas sont les oiseaux
et toutes les musiques,
celles qui chantent doucement
dans le cœur des poètes,
de la renarde rusée
ou du lièvre égaré...

Là-bas sont tous les arbres
d'une verte forêt
où les saisons se perdent
dans l'infini du temps
sans toutefois mourir
de leurs feuilles d'automne...

Il n'y a plus de pluies,
de brumes, plus de frimas,
La lumière illumine
tout l'infini du temps

 

Robert Bichet, janvier 1999
voir ici le poème commenté et illustré par ses soins

 

Il s'agit d'une évocation de l'au-delà, où se retrouvent ceux qui nous ont quittés.

Robert Bichet a donc conçu cette oeuvre en quatre parties distinctes, auxquelles s'ajoute une improvisation du chef d'orchestre, ce qui est une grande première dans le genre, comme si  celui-ci était considéré comme artiste à part entière, et avait droit à ce que dans les concerti on appelle la "cadence" du soliste : un moment de liberté pour improviser sur les thèmes du morceau.

En fait, vous devez savoir, si je ne vous l'ai pas déjà dit, que Robert Bichet a conçu un langage musical qui lui est propre, et qui est destiné à permettre à de jeunes débutants de participer à l'orchestre : il a créé des "signes conventionnels" correspondant à divers schémas musicaux. Sur l'un d'eux, il s'agira de jouer des notes aléatoires mais naturelles, en notes tenues ; sur un autre, la même chose mais sous forme de petits sons itératifs ; sur un autre il s'agira de notes altérées. Cela forme des "masses sonores", qui sont gérées au moyen de durées précises. D'autres schémas seront notés sous forme d'une mélodie simple (ou pour le piano d'un accord arpégé, ou d'une série de pulsations d'accords écrits) qui se répète ; les cordes seront parfois invitées à exécuter des sons libres en pizzicati, ou à d'autres moments à effectuer des glissandos en montant et  en descendant... Tous ces schémas sont soigneusement répertoriés et utilisés au fil de l'oeuvre, qui apparaît ainsi comme une sorte de montage, analogue aux taches que l'on peut appliquer à un tableau contemporain.

C'est ainsi que, riche des schémas connus de l'orchestre et désignés chacun par un numéro, le chef d'orchestre, en fin d'oeuvre, peut improviser en indiquant le chiffre avec ses doigts à un groupe orchestral, puis en faisant signe à d'autres,  faisant enfler  le son en écartant les bras puis le stoppant net en ramenant les bras ; ou en désignant les gongs et nombreuses percussions présentes dont Robert Bichet a la passion.

Pour cela Frédéric Langé, passionné de la musique de Robert Bichet, fut absolument excellent.

Mais vous en aurez bientôt l'explication claire lorsque j'aurai réussi à télécharger la vidéo d'un reportage qui a été fait par des étudiants de l'AFPA d'Issoudun... Ce qui ne saurait tarder.

 

Voici donc quelques extraits du concert donné le 25 juin dernier à Issoudun.

 

Frédéric Langé à la tête de l'orchestre des professeurs et des élèves. (Photo Daniel Besson)

Frédéric Langé à la tête de l'orchestre des professeurs et des élèves. (Photo Daniel Besson)

 

L'oeuvre débute par une évocation de l'accident, qui est souligné par l'apparition brève d'une bande son, calquée sur les sonorités métalliques de l'orchestre (cuivres, cloches-tubes).

 

Puis sa transposition : on entend des bruissement d'insectes sous le soleil d'été. Très contemplatif, Robert Bichet bascule immédiatement dans l'évocation de la nature de son enfance, et dans ce qu'il appelle "le Rêve".

 

C'est là qu'apparaît le cor anglais, accompagné de l'Onde. Malheureusement l'enregistrement, réalisé avec des micros disséminés sur la scène, privilégie excessivement le premier violon, trop exposé, au détriment de l'Onde que l'on perçoit à peine. 

Robert Bichet (cor anglais) et Francesca Paderni (Ondes Martenot) Photo Daniel Besson.

Robert Bichet (cor anglais) et Francesca Paderni (Ondes Martenot) Photo Daniel Besson.

Et pour clore cet "Accident transposé" (la première partie de l'oeuvre), un "soleil couchant", représenté par de vastes masses sonores, comme de larges taches de couleur.

Vient alors le "Premier Rêve transposé ": c'est la nuit, et des crapauds alytes chantent sous le ciel étoilé de juillet (précisions notées avec soin par le compositeur). Là encore, une courte bande-son s'ajoute à l'orchestre pour évoquer le chant des crapauds.

Un second "soleil couchant" y met fin, préparant la troisième partie.

Cette troisième partie évoque le "Second Rêve transposé", qui n'est rien moins que l'Ailleurs - et comme le désigne le compositeur : "l’Éternel Départ". Il y adjoint la bande sonore d'un essaim d'abeilles.

Beaucoup plus lyrique, cette partie inclut la présence du piano, et son achèvement introduit la lecture du poème, par Robert Bichet lui-même, soutenue par le martèlement léger de la grosse caisse (quatrième partie).

(Photo Daniel Besson)

(Photo Daniel Besson)

Enfin, l'improvisation ou cinquième partie clôt cette vaste évocation. En voici la fin, à trois coups de gongs près.

Frédéric Langé en pleine action (Photo Daniel Besson)

Frédéric Langé en pleine action (Photo Daniel Besson)

Sous les applaudissements du public, Robert Bichet félicite le chef, exemplaire et son grand ami.

Frédéric Langé et Robert Bichet - Photo Martine Maillard

Frédéric Langé et Robert Bichet - Photo Martine Maillard

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Profil

  • Martine Maillard
  • "C'est quand on est enfant qu'on emmagasine dans son cœur les choses les plus importantes de la vie" , dit souvent Robert Bichet.    

Je souhaite vous faire partager ici son enthousiasme et ses passions.
  • "C'est quand on est enfant qu'on emmagasine dans son cœur les choses les plus importantes de la vie" , dit souvent Robert Bichet. Je souhaite vous faire partager ici son enthousiasme et ses passions.

Présentation

Né en 1947, Robert Bichet reçut d'abord  une formation de musicien au Conservatoire National de Région de Tours en hautbois puis en écriture. Simultanément il publia deux recueils de poèmes sur la Région de Tours et commença à peindre sous l'influence de Pierre Dupas.

            Arrivé à Paris en 1970, il suivit durant deux années le stage de formation organisé par le Groupe de Recherches Musicales de Radio France et le Conservatoire National Supérieur de Paris, puis reçut une formation universitaire à la Faculté de Paris VIII où il fut admis au grade de licencié dans les départements de Musique et d'Arts Plastiques. 

          Tandis que deux nouveaux recueils de poèmes voyaient le jour, il s'initia à la gravure et commença à développer une technique d'encres soufflées. Par ailleurs ses relations avec de multiples amis instrumentistes enrichit sa connaissance des divers instruments et lui permit d'envisager une écriture musicale basée sur des masses sonores où apparaissent en relief des solistes dont tous les moyens sont mis en valeur. Cette exigence de recherche instrumentale lui valut une édition musicale à compte d'éditeur (chez Henri Lemoine) de son "Désert II" pour hautbois.

          Après avoir enseigné dans divers collèges de la Région Parisienne et avoir réussi à y insuffler un élan vers l'expression musicale contemporaine, il fut nommé en 1981 directeur du Conservatoire Municipal de Musique d'Issoudun (Indre), où conjointement à ses activités d'administrateur il développa largement sa peinture,  sa poésie et sa musique, par des créations originales spécialement conçues  pour ses élèves, ou même pour les enfants des écoles, appelés à participer.

        Retraité depuis 2007 il poursuit ardemment par des cours, des conférences, des animations, des concerts et des expositions, le but qu'il s'est fixé :  amener chacun à éveiller le poète qui sommeille en lui, en prenant conscience que tout être humain est un créateur.       

L'Art vient d'ailleurs, il est sacré.

L'artiste n'est qu'un transmetteur capable de s'émerveiller.

Quels que soient sa race, son sexe, son âge, sa condition sociale, tout être humain a la possibilité de dire ou de penser : "c'est beau... ... ... "

C'est à cet instant qu'il devient poète.

S'il s'autorise à créer envers et contre tous, il devient alors artiste, nourri par l'énergie d'une force intérieure qui le dépasse et qui le guide.

Robert Bichet

Citations

« L'artiste doit aimer la vie et montrer qu'elle est belle. »

Anatole France

 

« Nous, nous voulons être les poètes de notre vie. » 

Frédéric Nietzsche

Un Reportage Vidéo

Bibliographie

POÉSIE

- Expansion d'amour

(Editions J.F.P.F., 1967) épuisé.

- Triptyque :

  . Expansion d'amour
 . Altitudes

  . Douze paraboles pour une jeune fille

(Editions José Millas-Martin, 1970) épuisé.

- De la fenêtre

(Editions Saint-Germain des Prés, 1971) épuisé.

- De la fenêtre

(Editions José Millas-Martin, 1972).

- Mes saisons de Bracieux

   Poèmes pour eux

   Poèmes venus d'ailleurs

(Editions Saint-Germain des Prés, 1973) épuisé

- Parcours secret derrière Orion

(Editions François Villon, 1997)

- Là-bas sont tous les rêves

(Editions Caractères, 2009)

 

MUSIQUE

- Désert II     pour hautbois

Extrait de "Du Fond du Gouffre", durée 7'

(Editions Henry Lemoine, 1986).

- Parcours secret derrière Orion      pour 7 saxophones

(5 saxophones alto mi b, 1 saxophone ténor si b et 1 saxophone baryton mi b), durée 20'

(Editions Van de Velde, 2002).