Quelques mois avant la parution de Triptyque, Robert avait eu la chance d'être invité à jouer du hautbois lors du lancement des Bonbons "Blachat" au château de Villesavin situé à deux kilomètres du Relais de Bracieux, et il se trouva tout naturellement confronté à l'actrice Madeleine Sologne qui, originaire de la région et s'y s'étant retirée après sa carrière cinématographique, en avait été désignée la marraine.
L'échange qu'il eut avec l'héroïne de l'Eternel Retour, film qui l'avait profondément marqué, fut déterminant et conduisit celle-ci à lui offrir sa plume pour la préface de son livre (voir ici).
Madeleine Sologne dans l'Eternel Retour
C'est de nouveau à Villesavin, dont les propriétaires étaient des amis de la famille, qu'eut lieu la vente-dédicace accompagnée d'un somptueux buffet préparé par le Chef Gaston Bichet.
Robert dédicaçant sa plaquette
Mais passons à la dernière partie de cet ouvrage, sans doute la plus intéressante et la plus construite :
Douze Paraboles pour une Jeune Fille
C'est peut-être à l'instar d'Olivier Messiaen dont il écoute en boucle la Turangalîla Symphonie ou les Poèmes pour Mi que Robert décide pour la dernière partie de son recueil d'un titre presque "biblique" et d'une structure complexe dont il se plaît à détailler la signification en début de chapitre. Citons-le :
« Il s'agit d'un cycle de 12 poèmes (rappel du nombre des signes du zodiaque) divisé en 2 volets distincts de 6 poèmes : Partout et Ailleurs (symbole du couple).
Ces 12 paraboles sont ordonnées d'une façon toute particulière :
- Un poème indépendant,
- Un poème s'enchaînant au suivant,
- Un poème indépendant,
- Un poème s'enchaînant au suivant,
etc...
Ainsi j'ai voulu obtenir une totalité de 4 poèmes indépendants (symbole des quatre saisons) et une totalité de 8 poèmes enchaînés de deux en deux (symbole de quatre couples, un couple par saison).
De plus j'ai tenu à placer le poème "Parabole des huit après-midi" (8 : symbole de l'homme) le 4e du premier volet et le poème "Parabole des quatre nuits" (4 : symbole de la femme) le 4e du second volet, la valeur nominale de l'addition de ces deux poèmes formant le symbole du cycle lui-même (8+4=12). »
Notons également que les "signes conventionnels" (voir l'article précédent) réalisés avec la ponctuation sont toujours utilisés ici, de même que la disposition des vers sur la page et à travers les pages.
A titre d'exemple, voici la Parabole des Ombres Chinoises, 2e de la première partie "Partout", et devant donc s'enchaîner avec la 3e (Parabole des Petites Filles de France).
[NB : Comme dans l'article précédent pour l'extrait cité des "Altitudes", les pointillés indiquent le passage à la page suivante.]
« PARABOLE DES OMBRES CHINOISES »
La lumière pleure,
Le soleil se renverse sur l'étoile ;
On marche un peu partout...
On fait un grand voyage...
*
* *
( - La girafe grimpe sur le mur ;
) Elle accroche son manteau d'arlequin...
) Le chat s'endort...
) La grenouille se noie
( Sous la table...
( « Autruche ;
) Tu cours comme un petit canard... »
) L'oiseau emporte ses pattes
( Un peu plus loin !...
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( Angoisse ;
) O ma tristesse vertigineuse...
( Cent mille doigts
) Se blottissent
( Dans le sable...
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( Ivresse ;
) La valse emporte ton rêve...
( Tu danses un peu partout,
) Ta main caresse
( Le lampadaire...
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Le pied s'allonge
Le chandelier conduit ta main...
On se perd
Dans la forêt...
Dans la fontaine...
Dans le gouffre...
Dans le village...
Et c'est ainsi que tout naturellement cette parabole s'enchaîne à la suivante : celle des "Petites Filles de France" qui bien sûr jouent dans le village.
Chaque titre de partie ("Partout" et "Ailleurs") est accompagnée d'un commentaire ; apprécions le second :
AILLEURS
La pendule fume les heures
comme une vieille artiste
qui a de l'expérience...
Et pour terminer cette présentation, je vous propose la Parabole de la Maison Lointaine, 3e de cette seconde série et donc enchaînée avec la précédente, la Parabole de l'Attente.
« PARABOLE DE LA MAISON LOINTAINE »
ou
(Mon minuit à moi)
Minuit !
« La lucarne
Jette son oeil
Sur la table »
On allume une étoile
On raconte des histoires...
(C'est l'heure de la veillée)
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( « Glycine
) Aux doigts
( Paisibles ;
) Tu poses
( Tes rêves
) En grappe
( Sur le
) Sentier »...
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O j'ai du « vague »
A l'âme...
L'orage n'est pas encore tombé,
J'évente ma solitude...
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La fenêtre s'ouvre,
La main s'échappe...
( « Ombres chinoises
) Vous courez
( Dans le sable
) Comme autrefois
( Lorsque j'étais
) Petit enfant »...
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Une fenêtre s'est ouverte
Là-bas
(Comme autrefois)
Une femme est sortie,
Une femme est entrée... ;
Et ;
Tout a commencé
(Comme autrefois) !...
Robert Bichet ©Les Paragraphes Littéraires de Paris
Maison abandonnée en Berry - Photo ancienne de Robert Bichet