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10 novembre 2014 1 10 /11 /novembre /2014 16:33

   Voici le dernier poème de Robert Bichet.

    Vous apprécierez le fait qu'en poésie, non seulement il parle DE la musique, mais encore il parle EN musique, car il y a des crescendos, des decrescendos, des rythmes, des accelerandos, des ralentis...  

     Tout cela est traduit par la typographie, mais le poème d'évidence est fait pour être entendu. 

     Par ailleurs il ne peut s'empêcher de conserver, comme une photo-souvenir, le décor exact des différents moments où il était occupé à écrire ce poème... On voit qu'il ne l'exprime pas d'un seul coup, mais, comme il le dit lui-même, que c'est "comme un accouchement, avec différentes contractions !" Le poème est comme un fil subtil qui relie entre eux les moments bénis où, libéré des différentes corvées imposées par la vie, il est enfin LUI-MÊME, c'est-à-dire identifié à sa véritable nature : la musique (ou la poésie, mais c'est la même chose...) !

 

Musique… MusiqueMusique

 

Tu défais le réel

et tu transportes le rêve

que tu déguises toujours

en grand beau bateau blanc

 

Bateau-lyre, bateau-rêve

Bateau cheval ailé

Beau papillon-lumière

 

Bateau-grenier, bateau-sommeil

Bateau lever du jour

qui fait du ciel la mer

d’une route, la rivière

 

Musique aimée,

Musique refuge

 

Tu dessines en couleur

Tu ouvres les fenêtres

Et tu fais de la nuit

la plus noire

la plus triste

la pus longue

le jour le plus ensoleillé

le plus grand beau ciel bleu

le plus grand beau voyage… … …

 

Musique - plein ciel

Musique - plein vol

 

Quand tu chantes, je chante

Quand tu danses, je danse

Quand tu ris, je ris

 

Je ris comme un enfant

qui court et qui enchante…

 

je ris comme un enfant

à gorge déployée

les yeux pleins de soleils

les mains tendues en l’air

 

 

Robert Bichet

 

Poème commencé à Bourges ce vendredi 18 octobre 2014 dans ma voiture à 14h45 sur la route de La Charité, puis dans la salle d’attente du cabinet médical de mon cardiologue… Poursuivi à Marmagne, 11 rue de Marmignolles dans la cour, sur le toit de ma voiture près du portail ouvert ce mercredi 22 octobre à 14h45 après avoir fait la vaisselle et passé l’aspirateur dans la cuisine et sous la véranda, alors que Zouzou dormait impassible sur la chaise-fauteuil de la salle à manger près de la fenêtre et du téléphone. Achevé à Marmagne, ce jeudi matin 23 octobre sur la table de la cuisine en face de la fenêtre qui donne sur le pignon aux oiseaux. Repris et achevé définitivement à Bel Air ce mercredi 29 octobre en fin de matinée, dans ma chambre-grenier sous un beau ciel ensoleillé d’automne.

 

Enfant-emerveille.jpg

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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 22:19

      Lisons aujourd'hui ce poème écrit par Robert Bichet dans le port de Naxos en 1983... En effet il sert de support à ses trois compositions intitulées Mardi, 13 février ou une journée à vivre, tantôt lu, tantôt chanté, tantôt scandé en diverses onomatopées (voir  cet article dans la section musique de ce site).

 

Naxos1983-port.jpg

Le port de Naxos - (Photo Robert Bichet)

 

ESCALE 

 

Les bateaux se préparent lentement 

Leurs antennes se tendent comme des doigts 

 

La lune oublie d’éclairer cette nuit sans ombre 

et le temps passe comme un chat silencieux 

l’escale fugitive… 

partir sans jamais arriver… 

 

Tant d’espoirs foisonnant mais en vain… 

 

Ce beau miroir d’argent 

Ce ciel demi-ouvert 

Et cette mort latente suspendue à son fil… 

Ce pourrait être celui d’Ariane ou de Kronos 

ou celui d’une attente mystérieuse. 

 

Détestable araignée 

tu tisses encore une histoire triste 

et tes yeux de verre s’illuminent 

comme ceux des cargos 

qui vont bientôt partir 

nonchalamment, paresseusement. 

 

Et la nuit magicienne transportera leurs rêves…

 

 

Robert Bichet, Naxos, 15 juillet 1983. 

© "Parcours secret derrière Orion", Editions François Villon, 1997.

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 18:07

    Abordons maintenant le deuxième grand volet de la plaquette "Mes Saisons de Bracieux", dont vous avez ici la présentation, et les illustrations : les "Poèmes venus d'ailleurs".

    Depuis longtemps déjà, Robert Bichet proclamait que "l'Art vient d'ailleurs" et que "l'artiste n'est qu'un transmetteur" (voir sur cette page, colonne de droite, en bas).

    Cependant pour ces poèmes, qui n'ont de commun avec ceux précédemment évoqués que le style propre de leur auteur mais rien de la forme, il s'est totalement voué au hasard afin de créer des textes d'une pureté absolue.

    C'est le principe de l'acrostiche qui en a été le déclencheur. Mais le mot prétexte, Robert Bichet voulut le cacher à la vue du lecteur, n'étant pour lui que l'étincelle bien involontaire à l'origine d'un objet ciselé à la façon d'une sculpture.

    Au fil des journées, il se laissait impressionner par un prénom féminin (dont il ne connaissait pas forcément la propriétaire, car il pouvait s'agir d'un nom cité ou lu par n'importe qui à n'importe quel moment) ; et autour de ce prénom déjà porteur pour lui d'images ou de sons, il s'attelait à une écriture soignée, régulière et rimée, en utilisant les formules les plus riches, les mots les plus recherchés (voire imaginés), les libertés syntaxiques les plus étranges, jusqu'à obtenir une sorte de joyau... qui de "l'aboli bibelot d'inanité sonore" ne posséderait que l'éclat, tandis qu'à l'instar de la pierre des alchimistes il brille et dégage une puissance magnétique.

   Sur mon propre blog j'ai déjà cité le poème "Dolorès", dont je vous livre la clef par facilité en guise d'intitulé  ; mais il faut rappeler que Robert  Bichet tient beaucoup à ce qu'aucune majuscule ne soit posée au début des vers (à part  pour le premier) et qu'aucun titre ne soit affiché afin que le prénom s'efface derrière le texte qu'il inspire, et que personne n'aille s'imaginer la moindre dédicace à l'intention d'une personne précise. Robert ne connaissait nulle "Dolorès" et c'est uniquement la musique du  mot, comme pour tous les autres "Poèmes venus d'ailleurs", qui a déterminé le texte obtenu.

 

    En voici deux autres, pour lesquels je conserverai la discrétion exigée.

 

Mandragore ignifuge, ô toi mes grands voyages...

«iberna»1 de l'allée ; vagabonds de là-bas...

couche tes horizons pour faire mes images,

haleine en fleur d'azur ; mes jardins de là-bas...

éparpille au sommeil au bord du jour qui vient

le pas de tes oiseaux ; mes chemins de forêt...

île en rouge où je meurs sous le ciel de mes chiens,

nymphe aux ombres  marbrées ; mon hiver décoré !

écoute au fil du soir le message éolien...

 

----------------------------------------------------------------------------------

 

Aurore en sables fin, d'étoile, haut luminaire ;

nu d'écaille au matin, réveil ; ma vagabonde...

desseins de marbre au fil, au mythe, à l'éphémère ;

rive oblique à la nuit... berceuse à l'autre monde...

éloignons nos objets, nos chats diamantifères,

et tout ce qui machine (en douce) au «multimonde»...

 

Robert Bichet © Editions Saint-Germain-des-Prés

1 Iberna est le titre d'une des Altitudes (tirées du recueil Triptyque) : poème particulièrement désespéré écrit dans l'allée de Bracieux.

 

     Les Poèmes venus d'ailleurs sont au nombre de six, comme les Altitudes ; leur inspiration part de la rêverie quotidienne (pour le premier) jusqu'à la contemplation la plus mystique (pour le dernier, précisément celui que j'ai nommé « Dolorès » et dont le lien est ci-dessus). Seul l'un d'eux s'adresse à une personne connue : « Martine » ; allez savoir pourquoi...


Poèmes venus d'ailleurs (2)

 

Robert Bichet © Editions Saint-Germain-des-Prés

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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 19:20

  L-allee-ete.jpg

Photo prise par Robert Bichet dans l'"Allée" de Bracieux en été vers 1970

       C'est juste après son mariage avec Martine Maillard qu'installé à Paris, Robert Bichet décide de se présenter à la librairie-édition Saint-Germain-des-Prés, près de Saint-Sulpice, dirigée par Michel et Jean Breton (initiateurs de la revue Poésie 1), pour leur proposer ses dernières compositions poétiques : "Mes Saisons de Bracieux" et "Poèmes venus d'Ailleurs", ainsi que les "Poèmes pour eux", un cri de révolte. Il y entraîne sa jeune épouse, l'invitant à publier simultanément sa propre poésie.
     Sa rencontre avec Jean Orizet, le directeur littéraire, est très fructueuse : le poète vient de créer une nouvelle collection intitulée "Miroir Oblique" et accepte d'y engager les deux manuscrits, avec une part éditeur et le reste en bulletins de souscription, ce qui est plutôt généreux envers de jeunes débutants.

 

                            Mes saisons de Bracieux - St-Germain des Prés (Paris 1973)   Rossignol d'Argent-Martine Maillard

     A la demande de Robert, Martine Maillard rédige aux Saisons de Bracieux une préface dans laquelle elle tente d'analyser et de développer toutes les facettes de la créativité de son époux, évoquant les écrits précédents, la Sologne, l'enfance, etc.... De son côté, Robert Bichet obtient de l'éditeur la publication d'illustrations de sa main, les premiers dessins que je vous ai détaillés ici, et en offre deux à sa compagne pour agrémenter sa propre plaquette - négligeant cependant à chaque fois d'apposer sa signature sous ses dessins.

 

                              Pour Survivre   Le Rossignol d'Argent

Dessins réalisés par Robert Bichet pour Le Rossignol d'Argent


Mes Saisons de Bracieux

     Mes Saisons de Bracieux se présente sous la forme d'un vaste poème en plusieurs parties, étiré au fil des pages  dans une disposition étudiée et un graphisme travaillé.

    Sans revenir aux "signes conventionnels" précédemment utilisés, Robert Bichet confirme sa volonté d'écrire non pas "des poèmes", mais des oeuvres poétiques complexes et structurées, qui sont en quelque sorte un avant-goût de la musique qu'il ne s'autorise pas encore à composer.

       Installé en pleine tourmente parisienne alors qu'il a quitté le cocon protecteur du Mont Valérien, il se prend à regretter les nuits étoilées de son enfance et ses errances par les chemins de Sologne, où parmi les brandes au détour d'une clairière il voyait surgir le toit endormi d'un rendez-vous de chasse inhabité.

      Comme dans les précédents articles, je remplacerai les sauts de page par une ligne en pointillé.

(Extrait des Saisons de Bracieux)


Les chemins

s'effaçaient

(au pas des ailes)

 

Et nous voguions ensemble

Aux grandes vitrines !...

 

----------------------------------------------------------------------------------

 

Nos rires

s'éparpillaient

(en grappes blanches...)

 

Ecorchant aux soleils

Les grands desseins... !

 

 

 . . .   I  L  L  U  M  I  N  A  I  E  N  T   . . .

 

 

Et nos chiens dessinaient

(en gerbes d'aurores !...)

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

      Un soir près des fossés ; je m'étais endormi comme dans un grand voyage... C'est peut-être après minuit ; (sur les platanes !...) L'oiseau s'était levé... (à la colombe...) et dessinait en arabesque près de mon arbre ; ... La lune n'éclairait pas encore mais j'avais posé l'astre tout au bout du sentier... !

 

 

     Evidemment nous voyons dans le texte même les images apparues sur les dessins : ceux cités ci-dessus, et ceux détaillés dans l'article correspondant.

 

    La vaste fresque s'achève en apothéose-surprise.

 

Il y avait un étang suspendu dans le ciel...

 

Ce serait comme hier...

Ce serait comme avant...

 

Tu créais des étoiles au fond des fleurs

Et des arbres

Et des fleurs au fond d'étoile

 

Tu as jeté la muse suspendue à son fil

Pour transformer les horizons... !

 

 

Robert Bichet © Editions Saint-Germain-des-Prés


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23 novembre 2010 2 23 /11 /novembre /2010 22:37

 

Triptyque-mai70--1-.jpg

 

      Quelques mois avant la parution de Triptyque, Robert avait eu la chance d'être invité à jouer du hautbois lors du lancement des Bonbons "Blachat" au château de Villesavin situé à deux kilomètres du Relais de Bracieux, et il se trouva tout naturellement confronté à l'actrice Madeleine Sologne qui, originaire de la région et s'y s'étant retirée après sa carrière cinématographique, en avait été désignée la marraine.

     L'échange qu'il eut avec l'héroïne de l'Eternel Retour, film qui l'avait profondément marqué, fut déterminant et conduisit celle-ci à lui offrir sa plume pour la préface de son livre (voir ici).

Madeleine-Sologne.jpg

Madeleine Sologne dans l'Eternel Retour

     C'est de nouveau à Villesavin, dont les propriétaires étaient des amis de la famille, qu'eut lieu la vente-dédicace accompagnée d'un somptueux buffet préparé par le Chef Gaston Bichet.

Triptyque-mai70--2-.jpg

  Robert dédicaçant sa plaquette

     Mais passons à la dernière partie de cet ouvrage, sans doute la plus intéressante et la plus construite :

 

Douze Paraboles pour une Jeune Fille

 

    C'est peut-être à l'instar d'Olivier Messiaen dont il écoute en boucle la Turangalîla Symphonie ou les Poèmes pour Mi que Robert décide pour la dernière partie de son recueil d'un titre presque "biblique" et d'une structure complexe dont il se plaît à détailler la signification  en début de chapitre. Citons-le :

«   Il s'agit d'un cycle de 12 poèmes (rappel du nombre des signes du zodiaque) divisé en 2 volets distincts de 6 poèmes : Partout et Ailleurs (symbole du couple).

     Ces 12 paraboles sont ordonnées d'une façon toute particulière :

- Un poème indépendant,

- Un poème s'enchaînant au suivant,

- Un  poème indépendant,

- Un poème s'enchaînant au suivant,

etc...

   Ainsi j'ai voulu obtenir une totalité de 4 poèmes indépendants (symbole des quatre saisons) et une totalité de 8 poèmes enchaînés de deux en deux (symbole de quatre couples, un couple par saison).

    De plus j'ai tenu à placer le poème "Parabole des huit après-midi" (8 : symbole de l'homme) le 4e du premier volet et le poème "Parabole des quatre nuits" (4 : symbole de la femme) le 4e du second volet, la valeur nominale de l'addition de ces deux poèmes formant le symbole du cycle lui-même (8+4=12). »

      Notons également que les "signes conventionnels" (voir l'article précédent) réalisés avec la ponctuation sont toujours utilisés ici, de même que la disposition des vers sur la page et à travers les pages.

 

     A titre d'exemple, voici la Parabole des Ombres Chinoises, 2e de la première partie "Partout", et devant donc s'enchaîner avec la 3e (Parabole des Petites Filles de France).

[NB : Comme dans l'article précédent pour l'extrait cité des "Altitudes", les pointillés indiquent le passage à la page suivante.]

 

« PARABOLE DES OMBRES CHINOISES »

 

La lumière pleure,

Le soleil se renverse sur l'étoile ;

 

On marche un peu partout...

On fait un grand voyage...

 

*
*      *

(   - La girafe grimpe sur le mur ;

)   Elle accroche son manteau d'arlequin...

 

)   Le chat s'endort...

 

)   La grenouille se noie

(   Sous la table...

 

(   « Autruche ;

)   Tu cours comme un petit canard... »

 

)   L'oiseau emporte ses pattes

(   Un peu plus loin !...

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

(   Angoisse ;

)   O ma tristesse vertigineuse...

(   Cent mille doigts

)   Se blottissent

(   Dans le sable...

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

(   Ivresse ;

)   La valse emporte ton rêve...

(   Tu danses un peu partout,

)   Ta main caresse

(   Le lampadaire...

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

Le pied s'allonge

Le chandelier conduit ta main...

On se perd

Dans la forêt...

Dans la fontaine...

Dans le gouffre...

Dans le village...

 

  Et c'est ainsi que tout naturellement cette parabole s'enchaîne à la suivante : celle des "Petites Filles de France" qui bien sûr jouent dans le village.

 

    Chaque titre de partie ("Partout" et "Ailleurs") est accompagnée d'un commentaire ; apprécions le second :

AILLEURS

La pendule fume les heures

comme une vieille artiste

qui a de l'expérience...

 

  Et pour terminer cette présentation, je vous propose la Parabole de la Maison Lointaine, 3e de cette seconde série et donc enchaînée avec la précédente, la Parabole de l'Attente.

 

« PARABOLE DE LA MAISON LOINTAINE »

ou

(Mon minuit à moi)

 

Minuit !

 

« La lucarne

Jette son oeil

Sur la table »

 

On allume une étoile

On raconte des histoires...

(C'est l'heure de la veillée)

 

---------------------------------------------------------------------------------

 

(    « Glycine

)    Aux doigts

(    Paisibles ;

)    Tu poses

(    Tes rêves

)    En grappe

(    Sur le

)    Sentier »...

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

O j'ai du « vague »

A l'âme...

L'orage n'est pas encore tombé,

J'évente ma solitude...

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

La fenêtre s'ouvre,

La main s'échappe...

 

(    « Ombres chinoises

)    Vous courez

(     Dans le sable

)    Comme autrefois

(    Lorsque j'étais

)    Petit enfant »...

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

Une fenêtre s'est ouverte

Là-bas

(Comme autrefois)

 

Une femme est sortie,

Une femme est entrée... ;

 

Et ;

Tout a commencé

(Comme autrefois) !...

Robert Bichet ©Les Paragraphes Littéraires de Paris

Maison-abandonnee.jpgMaison abandonnée en Berry - Photo ancienne de Robert Bichet

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22 novembre 2010 1 22 /11 /novembre /2010 17:27

      En 1969, Robert Bichet s'engage dans la musique du 8e Régiment de Transmissions, au Mont Valérien, afin de connaître la condition de soldat "comme Apollinaire", tout en étant à Paris, la ville des poètes par excellence.

     Cette décision lui sera très profitable puisqu'il y côtoiera d'authentiques artistes, tels Jacques Mercier (devenu chef d'orchestre) et Jean-Luc Génin (saxophoniste passionné de jazz, poète et devenu homme de théâtre).

 

Jean-Luc-Genin-lors-d-un-defile.jpgJean-Luc Génin, photographié à l'occasion d'un défilé miliaire     

     C'est alors qu'il décide de reprendre sur Paris la publication d'Expansion d'Amour en y ajoutant ses nouveaux poèmes, ceux réunis sous le titre d'Altitudes d'une part, et les "Douze Paraboles pour une Jeune Fille" d'autre part.

     Engagé avec l'éditeur José Millas-Martin et ses Paragraphes Littéraires de Paris, il décide de couronner l'ensemble d'un titre générique : "Triptyque".

 

Triptyque - Paragraphes littéraires de Paris (1970)

 

Altitudes

   Il est évident qu'après les vers classiques et un peu ampoulés de l'Expansion d'Amour, les Six Altitudes présentent déjà beaucoup d'originalité. A fréquenter l'univers musical et surtout France Culture Robert s'est forgé sa personnalité ; et la découverte d'Olivier Messiaen l'a transformé, lui présentant ce qui sera longtemps sa plus haute référence en matière de création, tant musicale que poétique.

     Les vers des Altitudes sont intimistes, courts, les strophes parfois elliptiques ; déjà elles présentent des ambiances, et la disposition sur la page compte. Enfin, pour la première fois Robert utilise des "signes conventionnels" : il décide, à partir de signes de ponctuation dont il donne l'explication en fin de livre, d'indiquer autour de certains textes une ambiance particulière - un peu comme une musique de fond derrière une mélodie. Mais le graphisme également, droit ou italique, participe à cette intention d'apporter une théâtralisation au texte, un peu comme s'il s'agissait d'un livret d'opéra.

    Le titre "Altitudes" se réfère à l'humeur du jour qui serait élevée, c'est-à-dire optimiste, ou basse, c'est-à-dire dépressive. Le premier poème est dédié à l'alouette "qui monte haut dans le ciel" ; mais ensuite il faut bien reconnaître que blessé sentimentalement à cette époque, Robert n'exprime que de bien basses altitudes...

     Voici à titre d'exemple la fin du poème "Métamorphoses" (la 3e partie ou 3e page) - où l'on distingue également un souvenir de l'Enfant et les Sortilèges de Colette-Ravel, ainsi que l'influence de Jean Cocteau cinéaste  - : 

 

 « Le chat !...

Comme il est beau et cruel !... »

 

Le vieillard marche doucement !...

Il est seul

Il est lointain

Il a peur...

Le vieillard s'arrête,

Il s'assied près de sa muse...

Elle s'envole... !

 

Une heure...

Deux heures...

Trois heures...

 

« Le chat !...

Comme il est beau et cruel !... »

 

     L'avant-dernière des Altitudes, dédiée au "Souvenir" se situe dans ce que le poète appelle "son deuxième étage"... et qui par la disposition alternée des parenthèses à chaque début de vers traduit une "transposition poétique dans l'infini", ou "une ambiance en forme de rêve qui fume". A cette époque Gaston et Fernande Bichet s'arrachaient les cheveux, craignant constamment que leur fils n'attente à ses jours... Mais avec une telle puissance créatrice et une telle aptitude au rêve il en était bien protégé.

 

(      Nos rires...

)      Nos pleurs...

(      La roulotte qui fume...

)      La vieille femme triste...

 

)      Quelques champs...

(      Quelques bois...

 

     Une vieille maison

)      La plaine tranquille...

(      La petite fille qui joue...

)      Le chien morose...

 

)      Et la ville...

(      La ville abandonnée...

)      La ville qui renaît...

(      La ville qui meurt...

 

-------------------------------------------------------------

 

(      Un arbre...

)      Une colombe,

(      Un soleil... un midi...

)      La rivière et le fleuve...

 

)      ... !

 

(      La colombe qui vole...

)      Liberté...

(     Mais là-bas...

)     La cage pour l'attraper...

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11 novembre 2010 4 11 /11 /novembre /2010 15:55

 

Expansion d'Amour - éd. JFPF (Tours 1967)     Expansion d'Amour - éditions JFPF, Tours 1967 - Épuisé.

     Dans son premier recueil, Expansion d'Amour, paru aux éditions Mic Berthe (Jeune Force Poétique Française) à Tours en 1967, Robert Bichet ne se contente pas d'exhaler ses sentiments pour diverses jeunes filles successivement rencontrées.

    Il développe également un vrai style, bien servi par l'originalité de l'édition qui lui sera proposée (sur papier kraft plié en accordéon, avec un graphisme très particulier), tout en rendant hommage à ses maîtres du Conservatoire : Florian Hollard (son professeur de Musique de Chambre et chef de l'Orchestre Symphonique de Tours) en tant que dédicataire de la plaquette, et Gilbert Flory  (son professeur de hautbois et de cor anglais) en tant que dédicataire d'un sonnet. Eh ! oui, dans ses débuts, Robert s'est essayé aux formes classiques.

 

Robert-Bichet-A-Gilbert-Flory.jpg

 

A Monsieur Gilbert Flory

 

Lorsque sera venue la lumière et le temps
D'oublier le malheur, sa misère et sa traite...
Peut-être vivrons-nous sur les ailes du vent,
Goûtant le fruit d'une heure éternelle et secrète.

La nuit sera le jour et nous découvrirons :
Le chant d'une couleur sous les débris d'un songe,
L'abîme illuminé, le soleil, un salon
(Où les pensées s'endorment et le rêve s'allonge) ;

Le souffle d'un désir, les planètes énormes,
La richesse d'une ombre ; l'oiseau dans son envol
Sourira aux nuées, aux espaces difformes.

Et votre art et le mien berceront les amours
D'une étoile oubliée, d'un jour, d'un rossignol.
Nous vivrons dans la joie, dans le bonheur toujours.


Robert Bichet © éd. JFPF. 1967
Repris dans Triptyque © éd. Paragraphes litt. de Paris, 1970.

 

     Comme indiqué, Expansion d'Amour sera intégralement réédité en 1970 par José Millas Martin dans son édition Les Paragraphes Littéraires de Paris, avec Altitudes et Douze Paraboles pour une jeune fille sous le titre général de Triptyque, que préfacera l'actrice Madeleine Sologne après un passage à l'auberge de Bracieux.

 

     Le "style personnel" déjà bien visible ici, c'est cette inspiration d'une part faite de contemplation et d'écoute de la nature (les étoiles, la nuit, les oiseaux...), mais aussi cette écriture en bribes, hachée par une ponctuation très présente, essentielle dans toute la poésie de Robert Bichet pour exprimer ce retrait de l'être devant les choses, le silence omniprésent.


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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 14:24

      C'est encore Nicole Gdalia, directrice des éditions Caractères, qui proposa à Robert Bichet de participer au 4e Festival International de la Poésie de Paris.

       Programme festival poésie Paris 1

    En effet les éditions qu'elle représente, fondées en 1950 par Bruno Durocher, y fêtaient leur 60 ans d'existence et y avaient prévu un spectacle. Et quel spectacle ! Parmi la vingtaine de poètes  appelés à lire de leurs oeuvres il se trouvait des chinois, des bulgares, des américains, des iraniens... Parmi eux, Robert ne fit certes pas mauvaise figure avec son poème « Berry, Terre d'Inspiration »... En effet, il y chante le côté cosmopolite de cette terre mal connue, et s'y déclare aussi proche des africains et des arabes que des anglais ou des américains, tout en conservant ses racines bretonnes (sa grand-mère était du Finistère, et on y découvre en passant que dans sa jeunesse il a étudié l'arabe).

 

Berry--Terre-d-inspiration-01.jpg

     Ce poème, le premier qui figure dans le recueil "Là-bas sont tous les rêves" des éditions Caractères, est reproduit ici à partir d'un tableau que Robert présente dans ses expositions : en "Poème illustré".

     Précisons également que Robert Bichet ne vend jamais aucun tableau, mais qu'il en fait parfois cadeau aux personnes ou aux sociétés chez qui il est certain de se rendre suffisamment souvent pour pouvoir continuer à les contempler tout à loisir. Ainsi ce texte est-il également visible sous sa forme encadrée et illustrée dans le bureau directorial du Conservatoire Municipal de Musique d'Issoudun - avec un autre dessin.

     Mais qui sont ces poètes présents au Festival de Paris ? Retournons le prospectus et découvrons-les (j'ai souligné Robert Bichet et vous pouvez agrandir l'image).

 

Programme festival poésie Paris 2      Sur ce programme édité par Caractères vous apprendrez qu'il y a également joué du cor anglais. Car s'il retravaille parfois son instrument, et malgré l'éminente difficulté de ce parent plus grave du hautbois, c'est toujours à lui que vont ses préférences.

 

Spectacle de Caractères - Paris 2010Voici pour terminer le verso de la page ci-dessus :

Programme éd. Caractères verso

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 14:12

Salon Livre 050610    En mars dernier, les éditions Caractères comptaient sur Robert Bichet pour promouvoir sa plaquette au Salon du Livre de Paris.

Salon Livre 050610 (3)Robert Bichet en conversation avec Nicole Gdalia, la directrice de publication.

Salon Livre 050610-copie-1

Un petit tour au Salon.

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 13:46

     Depuis ce printemps 2010, Robert Bichet collabore régulièrement avec Simone Kokot pour des animations poétiques à Déols (près de Châteauroux), à l'Espace Art et Culture.

Déols avec Simone Kokot (4)Les voici préparant leur intervention en parfaite complicité.

 

Affiche poésie Déols printemps 2010     Cet automne, ils ont repris leur dialogue avec enthousiasme et humour.

 

Deols-avec-Simone-Kokot--2-.jpg      Et une nouvelle soirée a été programmée. Ce sont les "marées poétiques d'équinoxe"  - ou après "le printemps", "l'automne" des poètes... Robert a toujours adoré les saisons.

 

Soirée Déols sept2010   Mais vous pourrez remarquer que l'affiche s'enrichit d'un dessin de Robert !

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Profil

  • Martine Maillard
  • "C'est quand on est enfant qu'on emmagasine dans son cœur les choses les plus importantes de la vie" , dit souvent Robert Bichet.    

Je souhaite vous faire partager ici son enthousiasme et ses passions.
  • "C'est quand on est enfant qu'on emmagasine dans son cœur les choses les plus importantes de la vie" , dit souvent Robert Bichet. Je souhaite vous faire partager ici son enthousiasme et ses passions.

Présentation

Né en 1947, Robert Bichet reçut d'abord  une formation de musicien au Conservatoire National de Région de Tours en hautbois puis en écriture. Simultanément il publia deux recueils de poèmes sur la Région de Tours et commença à peindre sous l'influence de Pierre Dupas.

            Arrivé à Paris en 1970, il suivit durant deux années le stage de formation organisé par le Groupe de Recherches Musicales de Radio France et le Conservatoire National Supérieur de Paris, puis reçut une formation universitaire à la Faculté de Paris VIII où il fut admis au grade de licencié dans les départements de Musique et d'Arts Plastiques. 

          Tandis que deux nouveaux recueils de poèmes voyaient le jour, il s'initia à la gravure et commença à développer une technique d'encres soufflées. Par ailleurs ses relations avec de multiples amis instrumentistes enrichit sa connaissance des divers instruments et lui permit d'envisager une écriture musicale basée sur des masses sonores où apparaissent en relief des solistes dont tous les moyens sont mis en valeur. Cette exigence de recherche instrumentale lui valut une édition musicale à compte d'éditeur (chez Henri Lemoine) de son "Désert II" pour hautbois.

          Après avoir enseigné dans divers collèges de la Région Parisienne et avoir réussi à y insuffler un élan vers l'expression musicale contemporaine, il fut nommé en 1981 directeur du Conservatoire Municipal de Musique d'Issoudun (Indre), où conjointement à ses activités d'administrateur il développa largement sa peinture,  sa poésie et sa musique, par des créations originales spécialement conçues  pour ses élèves, ou même pour les enfants des écoles, appelés à participer.

        Retraité depuis 2007 il poursuit ardemment par des cours, des conférences, des animations, des concerts et des expositions, le but qu'il s'est fixé :  amener chacun à éveiller le poète qui sommeille en lui, en prenant conscience que tout être humain est un créateur.       

L'Art vient d'ailleurs, il est sacré.

L'artiste n'est qu'un transmetteur capable de s'émerveiller.

Quels que soient sa race, son sexe, son âge, sa condition sociale, tout être humain a la possibilité de dire ou de penser : "c'est beau... ... ... "

C'est à cet instant qu'il devient poète.

S'il s'autorise à créer envers et contre tous, il devient alors artiste, nourri par l'énergie d'une force intérieure qui le dépasse et qui le guide.

Robert Bichet

Citations

« L'artiste doit aimer la vie et montrer qu'elle est belle. »

Anatole France

 

« Nous, nous voulons être les poètes de notre vie. » 

Frédéric Nietzsche

Un Reportage Vidéo

Bibliographie

POÉSIE

- Expansion d'amour

(Editions J.F.P.F., 1967) épuisé.

- Triptyque :

  . Expansion d'amour
 . Altitudes

  . Douze paraboles pour une jeune fille

(Editions José Millas-Martin, 1970) épuisé.

- De la fenêtre

(Editions Saint-Germain des Prés, 1971) épuisé.

- De la fenêtre

(Editions José Millas-Martin, 1972).

- Mes saisons de Bracieux

   Poèmes pour eux

   Poèmes venus d'ailleurs

(Editions Saint-Germain des Prés, 1973) épuisé

- Parcours secret derrière Orion

(Editions François Villon, 1997)

- Là-bas sont tous les rêves

(Editions Caractères, 2009)

 

MUSIQUE

- Désert II     pour hautbois

Extrait de "Du Fond du Gouffre", durée 7'

(Editions Henry Lemoine, 1986).

- Parcours secret derrière Orion      pour 7 saxophones

(5 saxophones alto mi b, 1 saxophone ténor si b et 1 saxophone baryton mi b), durée 20'

(Editions Van de Velde, 2002).