Les "Neuf espaces sonores" pour orchestre et bande de sons enregistrés furent composés en 1986 pour l'inauguration de l'Ensemble de Loisirs sportifs d'Issoudun, ou plus exactement de sa piscine couverte.
Édifiée comme un vaisseau qui sortirait d'une fente de rocher avec quelques colonnades à l'arrière, cette piscine au bassin élargi en trèfle et équipée d'un moteur à vagues, d'un toboggan géant (comportant une partie extérieure) et d'une gigantesque chute d'eau méritait bien une oeuvre musicale.
L'ELS (Ensemble de Loisirs Sportifs) d'Issoudun, entrée principale
Celle-ci d'ailleurs n'était pas censée s'exécuter seule, car les maîtres nageurs avaient pour l'occasion imaginé un petit spectacle nautique. Robert Bichet se trouvait donc à la tête d'un véritable programme, avec une histoire en toile de fond et un plan préétabli de neuf parties correspondant à diverses activités exécutées en démonstration. C'était à la fois un challenge puisqu'il dut reprendre plusieurs fois sa partition afin de satisfaire aux effets recherchés, et une chance car l'inspiration lui était soufflée à chaque instant, lui permettant de créer une de ses oeuvres les plus variées et les plus expressives.
La piscine, vue générale depuis la Cafétéria : à gauche, le petit toboggan ; à droite, le plongeoir. Au fond à droite, la montée vers le toboggan géant dont on voit l'arrivée en face, sous l'arcade dont à certaines heures seulement coule la cascade.
1 - Une introduction intitulée La Naissance du Monde permettait de faire découvrir au public, installé sur des gradins descendant de la Cafétéria, différents aspects du grand bassin et des petits qui l'entourent, grâce à un éclairage progressif mais ciblé de la salle initialement plongée dans l'obscurité.
En voici un extrait, où l'on retrouve l'Onde Martenot particulièrement expressive de Francesca Paderni. Bien sûr l'orchestre est formé des professeurs et des élèves du Conservatoire Municipal de musique d'Issoudun (souffrant particulièrement de l'humidité, de la chaleur et de l'obscurité régnant dans la pièce puisqu'ils étaient disposés sur la droite,à côté du bassin), sous la direction de Robert Bichet.
L'enregistrement est dû aux techniciens du Centre Culturel Albert Camus d'Issoudun, où l'oeuvre a été rejouée plusieurs fois, notamment une fois en faveur de la Croix Rouge.
2 - La seconde partie, intitulée La Cascade, était destinée à mettre en valeur la grande chute d'eau visible au fond de la pièce en suggérant l'apparition de l'eau qui donne la vie. Le début de cet épisode, particulièrement solennel, est en ligne sur ce blog dans la colonne de droite (Un extrait musical). Le revoici.
Et voici à présent un autre passage, dans lequel grâce à une bande de sons enregistrés s'ajoutent des chants d'oiseaux pour évoquer un univers paradisiaque et luxuriant.
3- A partir du 3e épisode, Naissance des enfants, apparaissent les petits d'une classe de maternelle de la ville, qui ont été entraînés à certains mouvements et notamment à la manipulation d'objets sonores (que l'on entend malheureusement peu dans l'enregistrement). Pour traduire cette éclosion, une musique très rythmique et beaucoup de percussions, auxquelles s'ajoutent des coups portés sur la tranche des gongs ce qui donne un bruit sec et très métallique, et en plus doux, les cordes du piano à queue caressées par des mailloches enrobées de feutre.
